Le rappeur congolais GIMS annule un concert en Tunisie face à la vague anti-migrants.
Le chanteur et rappeur congolais GIMS a annulé son concert en Tunisie pour protester contre les sentiments anti-migrants croissants dans le pays au milieu de l’expulsion arbitraire de centaines de migrants noirs vers les frontières du Sahara.
« Les enfants, femmes et hommes expulsés de Tunisie vers la Libye vivent dans des conditions inhumaines.
« Je ne peux pas maintenir ma visite en Tunisie, prévue le 11 août », a écrit dimanche le chanteur dans sa story Instagram.

Depuis début juillet, les autorités tunisiennes ont expulsé de force plus d’un millier de migrants et demandeurs d’asile subsahariens, y compris des enfants et des femmes enceintes, vers le désert et les zones hostiles frontalières de la Libye et de l’Algérie après les troubles raciaux à Sfax, la deuxième ville de Tunisie.
Laissés sous la chaleur torride de 50 degrés Celsius, au moins cinq migrants sont morts tandis que beaucoup d’autres tiennent à peine la vie, avec des blessures graves et sans accès à la nourriture ou à l’eau. « Je ne sais pas où sont les solutions. Mais cette détresse extrême est insupportable… », a ajouté le chanteur de 37 ans dans sa story Instagram.
GIMS, né Gandhi Djuna en République démocratique du Congo, est arrivé en France en 1988 à l’âge de deux ans avec ses parents, alors migrants en situation irrégulière.
Le chanteur raconte qu’à cause de la clandestinité de ses parents, il a passé une enfance difficile entre familles d’accueil et « squats » (effractions dans des maisons habitées) jusqu’à ses 18 ans. Aujourd’hui, classé parmi les artistes français les plus titrés, le GIMS n’a pas réussi à obtenir la nationalité française.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré l’année dernière que les commentaires anti-Noël du rappeur ne démontraient pas « une bonne preuve d’assimilation à la société française ». GIMS a déclaré qu’il refusait de célébrer Noël en raison de sa religion musulmane.
La récente décision du rappeur de ne pas se produire en Tunisie a suscité des débats houleux sur la responsabilité des artistes de tenir leurs pays d’accueil responsables de leur politique. « Je ne suis pas un grand fan, mais le GIMS vient de prendre une position extrêmement courageuse. J’ai honte de ce que mon pays fait aux immigrés. J’ai honte de ce racisme normalisé », a écrit un journaliste et politologue tunisien, sur Twitter.
GIMS prend position et annule son concert en Tunisie. Les artistes ont le pouvoir d’ébranler les consciences », écrit un autre utilisateur tunisien de Twitter. Pendant ce temps, certains Tunisiens affirment que la décision du GIMS est un coup injuste contre le tourisme dans ce pays d’Afrique du Nord en difficulté. «
Les organisateurs du Festival des musiques urbaines de Djerba, dans lequel GIMS devait se produire le 11 août, n’ont pas encore commenté la décision du chanteur.
